jeudi 1 janvier 2015

Un pour le Seigneur Ténébreux, sur son sombre trône...

CLANG ! CLANG ! CLANG ! CLANG ! Le marteau de forge sonnait avec fracas contre l'enclume, tordant et déformant l'or porté à incandescence. FLSSSSHHHHHHHHHH ! Le pic tordu, chauffé à blanc, plongé dans l'eau froide et saumâtre faisait jaillir des colonnes de vapeur. Et de nouveau le marteau chantait, CLANG ! CLANG ! CLANG ! CLANG ! Et tandis que le forgeron elfique martelait le métal noble, une lueur rougeoyante apparut dans son regard vide. Il marmonna une sorte de litanie en boucle, comme une chanson dans une affreuse langue. Ash nazg durbatulûk... Ash nazg gimbatul.... Ash nazg trakâtuluk ag burzum-ishi krimpatul... Ash nazg durbatulûk... Ash nazg gimbatul... Ash nazg trakâtuluk ag burzum-ishi krimpatul... Et tandis que le forgeron continuait à marteler en marmonnant, une autre voix, grave, menaçante, emplie de maléfices, se joignit à lui.
Ash nazg durbatulûk ! Ash nazg gimbatul ! Ash nazg trakâtuluk ag burzum-ishi krimpatul !
La chaleur de la fournaise alentour augmentait à chaque coup de marteau, à chaque nouveau mouvement du forgeron. Déjà, la lave environnante commençait à rougeoyer et bouillonner avec ardeur, le sol à trembler et des rocs à se détacher des hautes parois de cette basilique de basalte.
Une ombre approcha le forgeron. Une ombre en armure, ceinte d'une masse gigantesque, au regard plus noir que  la mort et plus ardent que les feux de la Montagne.
Le forgeron se tourna et, le regard toujours aussi inexpressif, lui tendit avec sa pince de forge un petit bijou d'or pur encore chaud.
L'ombre maléfique prit l'anneau, l'enfila à son doigt et, éclatant d'un rire terrifiant, annonça Bien, très bien, mon pauvre esclave elfique. Ton travail est digne de ta réputation et de tes talents. Mais, avant de te relâcher, j'ai une dernière mission à te confier. Va, porte un message à ton peuple. Dis-lui comment tu les as trahis, comment ton hybris t'a détourné de la voie des Valar et comment moi, Sauron, les ferai tous courber l'échine devant ma puissance !
Va, porte mon message, Celebrimbor !
Ainsi s'en fut de la Montagne Celebrimbor le Créateur d'Anneaux, titubant et chancelant, le regard hanté par l'ensorcellement avec lequel Sauron l'avait soumis à son pouvoir. Le teint cireux, les traits affreusement tirés, vêtu de guenilles, les chairs brûlées par son ardent travail, il s'en fut aussi vite que si Sauron l'avait personnellement poursuivi.
Sauron ne comptait pas sur lui pour transmettre le moindre message, aussi il concentra son énergie maléfique, et tandis que sur l'Unique Anneau apparaissaient pour la première fois ses inscriptions blasphématoires, loin au-delà en Lórien, à Imladris et à Mithlond résonnèrent les mots de sinistre mémoire Un anneau pour les gouverner tous, un anneau pour les trouver, un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier... au pays de Mordor où s'étendent les ombres !

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