vendredi 1 janvier 2016

Présage...


Alors que les fêtes de fin d'année se terminaient, alors que le Nouvel an s'était présenté il y a maintenant un beau couple d'heures, Gilles arpentait les allées d'Alençon, plongées dans cette atmosphère orangée propre aux villes la nuit.
Il atteignit la Place du Point du Jour, et en un pas, la nuit fut complète. Les lampadaires s'éteignirent tous d'un coup...
C'est alors qu'il vit le présage qu'il était vraisemblablement venu chercher en cette place précise.
Devant lui, le vieil arbre rabougri que tous connaissaient pour manger un espace de parking pourtant bienvenu les jours d'affluence... Ce vieil arbre irradiait de blancheur éclatante !
Son écorce d'ordinaire grisâtre luisait de la douce lumière de la Lune, comme si cette dernière elle-même était venue s'incarner dans ce bout de bois abîmé.
Doucement la lumière revenait dans la place. Déjà quelques guirlandes s'étaient rallumées... La scène ne faisait pas que confiner au féerique, car en cet instant, à n'en point douter, Tsukiyomi, la déesse lunaire, apportait à Gilles une occasion d'entrer en contact avec les rares forces mystiques encore bien vigoureuses qui existaient par-delà la pensée et le temps.

S'accroupissant pour déposer son offrande, -cinq branches d'aubépine et une feuille de houx- Gilles sentit un rayon lunaire s'arrêter sur son front et illuminer sa vieille cicatrice en forme de croissant...

Il me serait très fastidieux de vous expliquer combien cette cicatrice était importante dans l'histoire de notre ami Gilles, mais pour résumer, je puis vous dire qu'elle n'est pas pour rien dans la dextérité de ce dernier dans les arts mystiques les plus divers, particulièrement lors de situations semblables à celle-ci.

Alors que Gilles s'évanouissait dans les ombres orangées de la place et dissimulait son visage dans son antique capuchon, la lumière des lampadaires revint petit à petit, comme attendant le signal de son départ pour réinvestir les lieux.

Indubitablement, Gilles est bien de ces êtres magiques qui arpentent encore en secret la Terre. Moi qui ai la chance de le compter parmi mes amis, qui plus est parmi mes amis proches, je ne connais point encore tout de lui... Simplement ce qu'il accepte de m'en conter. Peut-être vous conterai-je un jour notre rencontre entre deux chênes... C'était il y a fort longtemps. En des jours moins sombres...

Et pourtant, même quand nous nous rencontrons par hasard, ou que je l'aperçois au loin, je puis m'estimer heureux qu'il existe un tel être dans les environs, car, chaque hiver, même les simples êtres  surnaturels sentent bien les combats qui se déroulent à huis clos, loin des apparences.


Un tel présage semble augurer du meilleur pour la suite, me disais-je... Puisse cette nouvelle année nous apporter la liberté, à nous autres les sylvestres et autres sylvains d'Écouves.


Bonne année 2016 !

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