samedi 28 mai 2016

Parfums d'éternité...


Certaines choses ont un goût d'éternité.
Pour ma part, il est un lieu qui me paraît suspendu hors du cours affolé du Temps : chez ma grand-mère. Tout s'y déroule comme du temps de mon enfance, avec les mêmes rituels, la même lenteur à la fois proverbiale et salvatrice.
Chaque fois que nous lui rendons visite, ma mère et moi, nous nous installons toujours aux mêmes places, répondons aux mêmes questions rituelles (Je vous fais un café ou un thé ? Et toi, un chocolat ?)  et commençons ainsi chaque discussion dans le même état d'esprit autour de la table avec ses augustes tabourets qui virent plus d'un postérieur sans jamais s'abîmer, une tasse devant nous et un paquet de madeleines ouvert et versé dans une boîte à gâteaux au milieu.
Parlant de ce qui fait la vie, nous échangeons dans une éternelle danse verbale autour de nos tracas de la semaine, de nos bobos du jour ou simplement de ce qui fait l'actualité, non sans nous rappeler d'où nous venons et quelles valeurs nous avons toujours défendues. Pourtant même ces discussions très philosophiques se déroulent immanquablement dans la simplicité coutumière de l'endroit, sans grands mots ronflants ni concepts sophistiqués, mais les pieds ancrés dans le quotidien, presque enracinés dans la terre, cette même terre que ma grand-mère cultive sans relâche dans son jardin.


Pourtant, il y a des détails qui ne trompent pas, des détails prouvant que le Temps a fait son œuvre...
Ici, un râtelier magnétique où s'alignent consciencieusement des hachoirs, couteaux et ciseaux, installé il y a peu par un oncle bricoleur... Là, une cafetière que mon enfance n'a point connue.
Et la voix de mon grand-père qui ne retentit pas plus dans cette maison que la télévision, jadis allumée une bonne partie de la journée.


Au mur de la cuisine, au-dessus de ma place habituelle, un morceau d'éternité continue pourtant d’égrener les secondes depuis le début des Temps...




Tempus fugit...

3 commentaires:

  1. C'est un monde dans lequel les choses semblent avoir un sens... comme dans la musique de Bach.

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  2. C'est en tout cas un monde où le chaos a moins de place pour s'exprimer, un monde plus simple et plus complexe à la fois...

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  3. Un monde où l'on se ressource, où l'on reprend pied, un monde sans jugement, un monde fait de tolérence et d'humanité. Ce monde, nous est nécessaire, comme l'air que nous respirons.
    Merci Tonton Gilles pour ce beau regard.

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