vendredi 16 décembre 2016

Par-delà l'espace, par-delà le temps, au-delà de toute réalité...


A la gare, la nuit était solitude. Cette solitude, renforcée par le faible éclairage des quais, la fluorescence des horloges et des panneaux indiquant le prochain train, donnait à l'endroit une impression d'étrange familiarité. Ni ici ni ailleurs, le quai de la gare d'Alençon semblait hors du temps lui-même.
A chaque minute qui s'écoulait, l'aiguille de l'horloge que je fixais se déplaçait d'un cran. Chaque cran résonnait aux alentours comme si ce discret mécanisme pendulaire avait le pouvoir de mille cors de chasse.
Au loin, à l'autre bout du quai, l'éclairage d'un vélo se devinait tant bien que mal, pris dans une gangue d'immobilité jusqu'à soudain dévier et disparaître dans une nuance plus sombre de néant.
Les minutes avançaient et rien ne semblait devoir rompre cette familière étrangeté.
La passerelle de laquelle j'étais descendu, véritable guirlande blanche, accompagnait mes songes éveillés en m'engluant un peu plus dans cette attente hors de toute réalité.


La voix de la speakerine de la SNCF me tira de ma torpeur.
A une cinquantaine de mètres, surgis des ténèbres les plus opaques, trois points lumineux d'un blanc irréel avançaient vers moi, ovnis ferroviaires pourtant si connus.
Un observateur attentif aurait juré ne pas avoir entendu le train arriver.
Le son me revint alors lentement, à la fois criard et étouffé par le calme des lieux.
Quelques âmes errantes sortirent des wagons. J'aperçus mon ami. Je lui prodiguai une chaleureuse accolade, puis nous nous dirigeâmes ensemble vers un magasin d'alimentation.



A l'extérieur de la gare, la vie continuait de s'agiter.

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