mercredi 1 février 2017

Il s'appelle Xavier...


Il s'appelle Xavier.

Rien ne me prédestinait à le croiser. Et pourtant, il a laissé une trace dans ma mémoire, et celle de mon ordinateur.
C'était le 23 décembre 2016. Un de ces magnifiques jours de brume que l'hiver nous avait offert en guise de cadeau de Noël. Alençon était enveloppé d'un manteau gris pâle dès l'aube, si bien que je ne résistai pas longtemps à la tentation de sortir au début de la journée.
Les illuminations de Noël n'étaient toujours pas éteintes et les grands sapins de LEDs qui ornaient la place Lamagdelaine m'inspirèrent cette photo que vous voyez ci-dessus.
Prestement rentré vers midi, je ne m'octroyai qu'une pause de deux heures avant de repartir dans ce brouillard si photogénique... Il y avait tant à voir.
Passant de Courteille aux Promenades puis à l'arboretum en zone humide et à la base de canoë, je fis de magnifiques photos. Puis je décidai de rendre visite à ma grand-mère, rebroussant chemin vers les Promenades, une fois de plus.
Juste après le Celtic, j'ai croisé la route de Xavier.

Xavier ne payait pas de mine; des vêtements chauds - mais ayant connu des jours meilleurs - un regard triste et un cabas en plastique montraient qu'il s'agissait d'une personne en grande difficulté.
Il me héla.
Il souhaitait en effet se rendre aux Emmaüs, un endroit sis à bonne distance du centre-ville, et hélas, un endroit que je ne connaissais pas... ou auquel je n'avais jamais prêté attention.
Je m'apprêtais à repartir en m'excusant de ne pouvoir l'aider, mais avant de nous séparer, nous échangeâmes quelques mots.
Il me demanda si j'étais photographe, remarquant mon appareil autour du cou. Puis il me raconta un peu sa situation présente...

Xavier est un sans domicile fixe, sorti ce jour-là de l'hôpital avec comme seul conseil de se rendre aux Emmaüs pour passer Noël et le Nouvel An. Il est sans abri, sans ressources, seul et délaissé par tous.
Juste cela pouvait suffire à m'attrister réellement.

Mais Xavier me demanda une faveur.
Il souhaitait que je le prenne en photo.
Face à cette demande particulière, ma première réaction fut de lui demander comment je pouvais faire pour lui transmettre le résultat.
A cela il me répondit qu'il s'en fichait, que ça n'avait aucune importance :

Cela vous fera un souvenir de moi. Au moins comme ça quelqu'un se souviendra de moi.

Nous nous quittâmes, Xavier et moi, après une dernière poignée de main, comme un signe de reconnaissance.
Xavier n'était plus un SDF inconnu, il n'était plus un sans-abri de passage.

Pour moi, Xavier est un homme qui reste dans ma mémoire, son visage fixé dans mes disques durs d'ordinateur et de serveur personnels.
Pour moi, Xavier est la remembrance que Noël n'est pas juste avec tout le monde.
Pour moi, Xavier est une de ces trop nombreuses personnes qu'on regarde sans les voir.

Pour moi, il est la rencontre la plus marquante de 2016.




Il s'appelle Xavier.

1 commentaire:

  1. un jour, peut-être, vos chemins se croiseront de nouveau et c'est sûr, vous vous reconnaîtrez.

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