mardi 24 octobre 2017

Au cœur des lumières égarées...


Ce soir est un grand soir.
Bien que la nuit soit tombée il y a maintenant deux bonnes heures, ni R.G. ni moi n'avons pour projet de rentrer. Bien au contraire. Partis voilà trente minutes de mon appartement avec nos équipements photographiques, - appareils photos, trépieds, batteries de secours, chiffonnette en microfibre - nous nous sommes mis en quête de photos de nuit.
La photo de nuit est un exercice difficile pour moi. Non point pour la technique, relativement aisée, plutôt pour la peur d'affronter mes propres angoisses, toujours promptes à ressortir au coucher du soleil. Heureusement, R.G. est là ; sa proposition tombe à pic. Sans lui, je n'aurais probablement pas osé franchir le pas.

La gare n'est guère éloignée de mon appartement. Nous décidons donc de faire une première série d'images sur la passerelle qui la surplombe.
Une délicate bruine commence à poindre. Les gouttelettes d'eau tombant sur nos objectifs font de bien dispensables flares avec les lueurs électriques de l'endroit.
Nous décidons de quitter la gare, mais une idée retient soudain mon ami.
Le hall d'accueil et d'attente est fermé, mais les portes vitrées rendent toujours possible une photo de cet étrange décor graphique, fait de lignes, de lumières métalliques et de reflets sur le sol de pierre lisse.

Pendant de longues minutes, je regarde R.G. faire. Je n'ose pas trop l'imiter. Il est d'ailleurs bon de préciser que R.G. n'aime pas tellement que je tente les mêmes prises de vues que lui. La frustration de se voir échouer là où un banal imitateur à vingt centimètres de distance réussit mieux peut aisément se comprendre.

Mais cela ne signifie pas que l'imitateur que je suis réussisse généralement mieux que lui; bien au contraire, nous avons chacun notre caractère, nos méthodes et notre ressenti, créant toujours un décalage dans l'appréciation des sujets et leur choix. Un sujet de R.G. n'est pas un sujet que je puisse souvent mieux réussir que lui.

Après quelques tergiversations, je consens néanmoins timidement à installer mon trépied et mon appareil. Quelques faibles protestations de mon ami, vite remplacées par une invitation de sa part à essayer malgré tout, se font entendre pour le principe. Nous savons tous deux que, même s'il ne goûte pas trop le plaisir d'être imité, il ne peut jamais me refuser une tentative de le concurrencer.
J'ai parfois honte de profiter ainsi de sa solidarité.

Concurrencer ? Quel mot ingrat. J'essaie toujours de l'imiter par admiration pour son regard, espérant ainsi apprendre son art à son contact. L'égaler ou le dépasser n'est pas mon propos. Nous sommes amis.


L'ambiance dans ce hall est presque fantomatique. Je tente en vitesse deux clichés. S'ils sont ratés, j'aurai au moins la satisfaction de me dire que force reste à R.G. S'ils sont réussis, je pourrais me dire que j'ai bien fait.


Un rapide coup d’œil sur l'écran de prévisualisation me fait douter...


... Devant quelle étrange gare sommes-nous ?

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